Money is the anthem
 of success...
Aurelia fume comme un pompier, des roulées principalement, préférant leur goût à celui des clopes industrielles privilégiées par tous les fils à papa de la ville. ≈ Elle ne fume pas que des cigarettes, elle se trouve la plupart du temps en possession de cannabis, et occasionnellement ne se refuse pas un rail de cocaïne. La drogue étant plutôt facilement accessible à South Neptune, il serait bête de s'en priver selon elle. ≈ Elle éprouve un mépris des plus total pour ces bobos friqués bien abrités dans leur grandes villas, à se croire les rois du monde parce que papa et maman ont des thunes. Elle ne rêve que d'une chose : les faire tous descendre de leur piédestal une bonne fois pour toute. ≈ La seule chose qui compte vraiment pour elle, qui a toujours compté, et qui comptera toujours, c'est sa famille. Elle serait prête à mourir pour eux, sans une once d'hésitation. ≈ Elle n'a pas vraiment d'amis, que des connaissances. Elle ne s'attache pas facilement aux gens, et n'en ressent ni l'envie ni le besoin. ≈ Elle a une fâcheuse tendance à parler comme une chartière lorsqu'elle s'emporte. C'est plus fort qu'elle, les vulgarités semblent sortir de sa bouche comme quelqu'un dirait "bonjour" ou "au revoir". ≈ Elle n'a jamais éprouvé d'intérêt particulier pour la technologie. Elle perd son portable tous les deux jours, n'a que faire d'internet et des réseaux sociaux tant prisés par les jeunes. Son truc à elle, c'est plutôt les bouquins. Depuis gamine elle aime beaucoup la lecture. ≈ Elle a arrêté ses études après le lycée. Elle a eu son diplôme sans grand efforts, et ses profs l'encourageait à poursuivre à l'université, en se tournant vers les lettres. Malheureusement ses parents n'avaient pas les moyens de lui payer, et Aurelia ne se voyait pas vraiment quitter son quartier et sa famille. Elle a donc trouvé un job en tant que femme de ménage au motel du coin. ≈

Comme envie de sang sur les murs, comme envie d'accident d'voitures.

<< J'sors faire un tour ! >> << Rentre pas trop tard, et cherche pas les problèmes hein. >> << T'inquiètes padre. A t'alleur. >> Et me voilà dehors. On ne peut pas dire que l'extérieur soit, d'un avis objectif, vraiment plus plaisant que la baraque, mais pour ma part, j'ai toujours aimé South Neptune. Ca tombe plutôt bien, étant donné que j'y suis née, et que ça fait maintenant 17 ans que j'y habite. Pour être honnête, je n'échangerai pas ma place avec un de ces gosses de bourges, retranché dans ma villa, coupé du vrai monde si j'puis dire. J'me sens bien ici, à ma place. J'marche dans les rues sans aucune appréhension, le quartier a beau être mal réputé, il a beau s'y passer des trucs pas très nets, j'me sens en sécurité. Le soleil commence doucement à se coucher, et j'arpente les rues, observe la populace, la plupart des visages me sont familiers, d'autres non mais pas pour autant hostiles. Je suis peut être naïve, mais je marche avec toute l'assurance du monde, l'air dédaigneux, la mine arrogante... c'est chez moi ici. J'avance d'un pas assuré pendant environ 20min, jusqu'à me retrouver au terrain vague. La nuit a maintenant prit place, mais je reconnais, au loin, une bande de jeune que je connais bien. Ils sont regroupés, peu nombreux, 5 exactement, ils discutent tranquillement, une bande de jeunes tout ce qu'il y a de plus banale et innocente on pourrait croire. Pourtant il n'en est rien, et en s'approchant un peu plus on peut voir distinctement leurs bécanes non loin d'eux, et là, on a tout d'suite compris : membres de gang. Membre des Jets, plus précisément. Tous, sauf mon frère. Lui, son clan, c'est le même que le mien : les Salvati. Mais il a toujours eu des affinités particulières avec ces 4 motards, depuis tout jeune en fait. << Eh, r'garde qui va là Gio' ! Mais c'est ta minimoys de frangine ! >> Je ne sais pas trop comment mon frère va prendre mon arrivée, généralement il n'aime pas trop que je traine dehors le soir, ni que je m'incruste dans ses plans. Mais j'en ai pas grand chose à carrer en fait, j'le fait toujours quand même, et au final, il est bien obligé de faire avec. << Putain Aurel, qu'est ce que tu fous ici ? T'as cours demain j'te rappelle ! >> Le lycée, qu'est ce qu'il pouvait me casser les brunes avec ça, plus que nos propres parents. Alors que monsieur, lui, n'avait même pas eu son diplôme. Ses yeux assassins rivés dans les miens, un petit sourire provocateur était nait sur mon visage, c'était plus fort que moi, j'avais beau l'aimer plus que n'importe qui, j'étais obligé de lui tenir tête. << Commence pas steuplait. Tiens, fume ça et ferme la un peu. >> De la poche arrière de mon jean, je sortit un vieux paquet de clopes vide, trouvé dans une rue, et lui tendit le joint fraichement roulé sur le chemin. << C'est qu'elle a de la ressource, la gamine ! >> Sourire complice entre Liam et moi. Liam, le meilleur pote de Giovanni, et depuis aussi longtemps que je pouvais m'en souvenir, le mec sur qui je craquais. Bon, il avait.. quoi, 5 ans de plus que moi à tout casser ? Et devait me considérer, tout au plus, comme une petite soeur, mais rien ne m'empêcher de me voir le faire craquer un jour ou l'autre. << T'es qu'une sale emmerdeuse ! M'enfin, vas y, fais tourner, j'te ramène après. >> Et voilà, ma soirée allait se dérouler comme d'ordinaire : clopes, joints, bières, mon frère et ses potes, à se prendre pour les rois du monde jusqu'au bout de la nuit. Et le lendemain matin, il faudrait que j'aille en cours, que je taffe un minimum correctement, pour au final refaire la même chose une fois le soir venu. Routine, certes, mais routine plutôt agréable.

6 ans plus tard, j'suis toujours en train d'arpenter les rues, et j'me rends toujours au terrain vague à la tombée de la nuit. Ma vie n'a pas changée énormément à vrai dire. J'ai eu mon diplôme, c'était pas aussi compliqué que c'qu'on voulait m'faire croire. Les profs me prédisait un avenir sympa si j'avais été à l'université, or c'était pas vraiment dans nos moyens. Du coup, j'ai fait comme j'ai pu, et j'me suis trouvé un job. Bon, c'est pas la folie comme taff, mais c'est toujours une petite paye qui tombe, et c'est pas négligeable. J'bosse au Camelot Motel, l'endroit où quasiment seul les putes et les dealers vont, soyons francs. C'est loin d'être du grand luxe, mais encore une fois, tant qu'les sous arrivent, j'ai pas vraiment à m'plaindre. J'vis plus chez mes parents. Pas qu'j'ai déménagé très loin, j'suis qu'à quelques blocs, mais j'avais besoin de mon indépendance. Je vais quand même les voir tous les week end, et je vois mon frère quasiment tous les soirs, c'est devenu une espèce de tradition. En gros, j'ai pas l'impression d'avoir beaucoup bougé en 6 ans. Autant avant, ma routine me plaisait, autant maintenant, j'aspire à un peu plus de nouveauté. Du coup, pour oublier, j'sors beaucoup, j'bois beaucoup et j'fume beaucoup. Y'a pas grand chose d'autre à faire par ici t'façon.