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nobody knows me as well as you do
C'est sans un bruit qu'il arpente le hall d'entrée jusqu'à la cuisine. Il rentre tard, bien trop tard pour ne pas avoir à se justifier auprès de sa femme. Il prépare une excuse, quelque chose de valable et qui sonne juste, en vain. Il se donne l'attitude d'un mari en faute, alors qu'il n'en est rien. Encore une fois, ses petites affaires de contrebande lui coûtent sa soirée. Et ça, il se garde bien d'en informer Catelyn. Cependant il refuse de lui mentir, ce n'est pas dans ses habitudes ou qu'à cinquante pour cent. Subitement, il arrête de raser les murs comme un fugitif. Face à lui apparaît son épouse, les bras croisés sur sa poitrine et l'œil couvert d'exaspération. Elle semble furieuse, las. Il croit en connaître la raison, mais perçoit un tout autre malaise. — Qu'est-ce qui c'est passé ? Ses sourcils se froncent. Impatient d'obtenir une réponse, il relance différemment sa question. — Cate ? Est-ce que ça va ? Elle conserve son mutisme, le temps pour elle de remettre une bouteille d'eau à sa place. — Ne t'en fais pas pour moi, j'envisage simplement de nous éloigner de toi et de tes dettes, surtout. Il comprend ce qu'elle veut dire, où elle veut en venir. Inutile de tourner autour du pot plus longtemps. De toute évidence, il est une fois de plus question de ses jeux d'argent. — Quelqu'un est venu te voir aujourd'hui ? Il ne croit pas si bien dire. — Ton nouveau créancier, je suppose. Cet aveu attise son courroux. La colère creuse son visage. Il ne prévoit pas de fermer les yeux sur la mauvaise initiative de son créditeur et considère cela comme un affront. — Il a signé son arrêt de mort. Dit-il d'une voix froide, incisive. Le fait d'énoncer la mort de son créancier reste purement symbolique. Quoiqu'il en soit, Grant lui réserve tout de même un sale quart d'heure, à l'image de ses combats d'autrefois et faisant fi de quelques règles bien-pensantes. Les jours à venir lui sont tous consacrés. — Et moi, les papiers du divorce. Elle se veut sérieuse, sans prétendre à un avertissement ou à une mise en garde. Ceci-dit, il connaît la chanson. Catelyn n'en est pas à son coup d'essai. — Quoi ?
— J'ai rendez-vous demain avec un avocat.
— Je te préviens Grant, si l'un de nos enfants se voit mêlé à tes histoires, ...
— Ne t'inquiète pas, je songe à tout régler au plus vite. Dans un geste rassurant, il dépose doucement sa main sur l'épaule de sa femme. — Tu sembles ne pas comprendre, je ne cherche pas à t'ouvrir les yeux avec ce divorce, je veux juste les protéger de tout ça. Sa fille. Son fils. Ses enfants. C'est sa plus grande force, sa faiblesse. Elle se distingue de son mari, trop mercantile et qui délaisse son rôle de père pour quelques billets verts. Souvent, elle s'oppose à ses choix et aux décisions qu'il prend à tort, sans se soucier des conséquences.
— Ils le sont.