« Dis-moi un peu Beth, tu vas continuer longtemps à te goinfrer comme ça ? ». La voix coutumière de ton lien fraternel s’élève au centre de la table, d’une manière fortement ironique toujours amusé la galerie. Il avait beau être ton frère – jumeau de surcroit – vous n’en demeuriez pas moins aussi opposés que proches. Tel qu’à l’ordinaire tu ne te préoccupe guère de sa remarque tandis que ces camarades ricanent face à sa réplique, seul ton meilleur ami – qui faisait également parti de son cercle de connaissance – se contente de te considérer d’un clin d’œil complice en levant son verre de soda. Vous échangez un rire complice avant que tu mords un nouveau morceau dans ton sandwich. Cela faisait presque trois jours que tu révisais non-stop pour tes futurs examens et en éternelle assidue que tu étais tu prenais cette réalité très au sérieux. De meilleurs résultats t’assuraient un stage d’été pour l’étranger, un projet pour lequel tu travaillais d’arrache-pied depuis des mois déjà. Du coup à force de potasser comme une acharnée tu en avais oublié de te nourrir, si ce n’est de par chocolaté, pas de quoi remplir le ventre. Tu avais toujours été gourmande et ce n’était Pas prêt de changer même pour ceux que cela pouvait déranger. Shane en riait, se rendre inutile à la limite de la moquerie mais tu t’en fichais éperdument. Les cheveux relevés en queue de cheval plutôt floue, tu jettes un coup d’œil par de la vitrine qui offre une vue que le parking du petit fast food. Ce dernier était un lieu que vous fréquentiez beaucoup toi et ton frangin et ce depuis que votre père en était le maire. Si Shane semblait en perpétuelle compétition avec votre paternel, toi de ton coté tu te contentais de faire le lien entre les deux même si les relations avec Lester Powell était aussi froid et tendue que la Russie à l’époque de la guerre froide. Tu regrettais quelque peu cette distance, surtout au sein d’une famille comme la vôtre qui durant plusieurs années c’était entraidés et soutenus mutuellement. Votre mère semblait être le bloc de votre famille, sa présence adoucissait l’ambition politique et professionnelle de ton père. Oui, elle était le ciment fondamental des Powell. Sa disparition avait changé pas mal de choses comme elle avait apporté la présence d’une belle-mère et d’une petite sœur. A trop y penser on aurait pu croire à une histoire ou un conte de Perrault. Tu secoues machinalement la tête comme pour chasser cette pensée de ton esprit, les yeux toujours rivés sur le parking. Shane dépose ta main sur l’épaule sans pour autant quitter le parking du regard. « Je te ramène à la maison ? ». Tu reconnaissais dans l’intonation de voix que le rôle du frère ainé était de nouveau en vigueur. Tu le considères d’un maigre sourire aux commissures des lèvres en accompagnant ta réponse d’un signe de tête. « Non c’est bon, je suis venu en vélo et puis je dois passer vite fait à l’atelier. ». Lui dis-tu calmement avant de lui assurer que tout irait bien pour le retour. Shane avait encore un peu de mal à comprendre ton choix de ne te déplacer qu’à bicyclette, mais bon tu n’avais jamais eu envie d’épiloguer sur le sujet. Il s’éloigne alors en direction de la sortie pour monter à bord de son véhicule, ton meilleur ami suivant le centre de ton attention. Il se retourne et finit par comprendre, mais de travers. « Pourquoi tu regardes Broderick comme ça ? ». Tu te contentes d’hausser les épaules tout en finissant la dernière bouchée de son repas. Le ton de Caleb n’avait rien de rassurant, tu le connaissais à force de tant d’années. « Pourquoi tu le connais ? ». Caleb passe une main dans sa tignasse blonde en bataille, en soupirant ce qui te laisse une petite idée. « Disons que c’est pas franchement une connaissance fréquentable, il est plutôt … ». Il n’a pas le temps de continuer sa phrase que tu poursuis sa phrase. « … bourru, arrogant et bagarreur ? Oui je vois tout à fait le genre. ». Répliques-tu en sourire amusé. Tu as déjà pu le constater l’autre soir lorsque le jeune homme était venu livrer des pizzas. Ton message d’ailleurs avait été plutôt claire, mais apparemment par pour lui en tout cas car ses yeux ne cesse de se regarder à l’autre bout du parking.

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L’étui de ta guitare accrochée à ton dos, tu pédales le long de la route laissant le vent frais de la fin de soirée fouetter ton visage. En cette proche fin de printemps, on ne peut pas dire que cela soit désagréable tandis que tes pensées diverses vagabondent. La nuit venait juste de tombée lorsque tu as quitté l’atelier, ce bon vieux loft que le frère ainé de Caleb est en train de rénover. Il était actuellement en déplacement mais en directeur artistique, il avait très vite eu la compassion de la demande de son cadet. Rien que d’y penser, un sourire s’échappe de tes lèvres. La route était dégagée de toute présente routière, du moins jusqu’à ce que des fards lumineux et un moteur assourdissant ne perturbe le silence. Tu jettes un bref regard prudent en arrière pour  finalement reconnaitre le véhicule de Finn. D’après ce que tu avais entendu dire à son sujet, il était un grand adepte des courses de vitesse, ton frère en avait confirmé les dires. Tu assistais rarement à ce genre de rassemblement, très souvent poussée par ta meilleure amie ou encore Caleb. En vérité tu détestais cela, la vitesse, les voitures, tout cela te ramenait à de mauvais souvenirs. Il ouvre la fenêtre de sa voiture, adaptant son rythme de vitesse à la sienne. « Tiens Bethany comme on se retrouve. Tu ne veux pas plutôt que je te ramène parce qu’avec ton tas de ferraille t’es prête de rentrer. ». Te dit-il d’une voix charmeuse, en portant sa cigarette à ses lèvres son autre main portée sur son volant. Ce type était un danger public ! Inconscient de la prudence et de la sécurité. Tu ne lui prêtes nullement attention, tu te contentes seulement d’accélérer en pédalant davantage plus rapidement. Peine perdue, il te rattrape et ton comportement à l’air de l’amuser un peu plus. Tu jures pour toi-même tout en te mordant la joue intérieurement. Finn passe une énième vitesse quitte la proximité qui vous maintenait proche de la route et tu le vois s’éloigner au loin. Finalement, il a fini par se lasser ou bien par comprendre. Seulement tu as parlé un brin trop vite puisqu’il stoppe net sa voiture en plein milieu de la route de manière à te bloquer le passage. Tu pédales jusqu’à te retrouver à quelques mètres avant de descendre de ton deux routes en rajustant au passage les brettelles de ton étui à instrument. Il claque la portière conductrice de son quatre roues, s’y adosse tout en tirant une énième latte de sa dose de nicotine. « Sois pas si butée pour une fois, je te rend service ! ». Dit-il en esquissant un sourire malicieux et sérieux à la fois. « Tu me rendra jamais service Broderick, c’est clair. ». Aucunement animosité ne transperçait dans ton intonation si ce n’est la vérité de tes propos. Finn était le genre de personnage que tu n’appréciais pas, d’ailleurs votre première rencontre avait dépeint pas mal de caractéristiques péjoratives pour que tu continues sur cette voix. « Fais pas ta mauvaise tête Bethany, il y a aucun mal à te proposer de te ramener. ». Soupire-t-il en jetant son mégot de cigarette sur la bordure de la route. Il croise les bras sur son torse, te toisant d’un regard mystérieux que tu as bien du mal à déchiffrer pour une fois. Tes deux mains cramponnent toujours le guidon de ton vélo alors que tu arques un sourcil méfiant de son comportement. « Epargne-moi ton discours et ton machisme. Je me débrouillais avant et après toi, alors dans ta voiture et va voir ailleurs si j’y suis. Et ne m’appelle pas Bethany ! ». Il esquisse un rictus narquois en levant les deux mains. « Mais c’est que notre petit chat à des griffes quand elle veut ?! ». Tu lèves les yeux au ciel bien décidé à passer ton chemin, du moins jusqu’à ce que Finn pose une main ferme sur les tiennes t’empêchant d’aller plus loin. Tu lui jettes un regard noir, mais lui semble guère s’en soucier. « Je suis tenace et buté dans mon genre Beth, t’es pas la seule. ». Il te regarde longuement avant de reculer de quelques pas tandis que tu t’éloignes. Ce gars était étrange presque perspicace malgré son mauvais caractère. Etrangement, tu te  surprends alors à sourire.