Parfois, la pression devenait trop difficile à supporter pour Julian. Non pas parce qu'il était faible, mais simplement parce qu'il était humain. Jouer constamment un rôle devenait pesant sur le long terme et cela faisait plus d'un an qu'il s'obstinait à délaisser Jake pour être un parfait Julian, homme d'affaires de confiance. En réalité, il n'était qu'un escroc de la pire espèce. Au départ, il avait commencé ses petites entourloupes par des petits braquages d'épicerie afin de subvenir aux besoins d'une mère qu'il tentait de protéger d'un père violent et alcoolique. Mais en prenant de l'âge, le jeune homme s'était révélé de plus en plus gourmand et de plus en plus hanté par une cupidité grandissante et affamé. Alors, ses petites combines d'adolescent se muèrent en un véritable business qu'il menait d'une main de maitre depuis plusieurs années déjà. Neptune devait être la sixième ou septième ville dans laquelle il avait élu domicile dans le but de trouver des investisseurs à qui dérober quelques millions de dollars avant de filer en douce, sans laisser aucune trace. C'était son mode de fonctionnement, son gagne pain depuis longtemps. Il n'avait aucune qualification, aucun diplôme pour l'aider à avoir un boulot honnête et puis, il était largement satisfait de son affaire, aussi malhonnête et criminelle qu'elle soit. Il ne se voyait pas retourner du côté de la droiture qui était également synonyme de pauvreté. Vivre sans le sou... c'était très peu pour lui, surtout maintenant qu'il avait goûté à une vie de luxure sans conséquences. Néanmoins, le jeune homme ressentait le besoin de se ressourcer par moments. Loin de l'agitation mondaine du quartier riche de Neptune. Loin de ces gens aux préoccupations stupides et aux conversations vides de sens et d'âme. Il méprisait tellement ces gens à qui il extorquait de l'argent, si bien qu'il arrivait à le faire sans aucun scrupule. Ce jour-là, il n'eut pas envie d'aller embêter Nikki avec ses problèmes. Elle avait sans doute mieux à faire que de l'écouter se lamenter sur son sort ou parler des doutes qui le gagnait de plus en plus, car même s'il ne se sentait pas coupable de faire de telles choses, il commençait à en voir le côté négatif, comme l'incapacité à avoir une vraie vie. Alors il décida de se trouver un échappatoire. Un endroit où personne ne viendrait le trouver et où il avait l'habitude de se rendre dans ce genre de situation : La bibliothèque. Ce lieu avait un effet très réconfortant sur Julian pour la simple et bonne raison que la littérature le rattachait à sa mère adorée qu'il n'avait pas vu depuis trop longtemps et qui commençait à beaucoup lui manquer. C'est elle qui l'avait initié à la lecture, enfant et qui lui avait permis d'avoir un anglais plus que correct et une culture appréciable. Elle lui avait donné l'opportunité de devenir quelqu'un, de ne pas rester dans l'ombre de l'ignorance et de la bêtise et lire était un de ses passe-temps favoris. Assis tout seul à une table dans le fond de l'immense pièce, Julian bouquinait un livre sur la psychologie. Une ou deux heures plus tard -à force de lire, il en avait perdu toute notion du temps-, il referma l'ouvrage et se dirigea vers l’accueil pour le rendre. Il n'avait aucune idée d'où le ranger alors il préférait le remettre aux soins d'une professionnelle : Violet. C'est ce qu'il pouvait lire sur son badge. Cela faisait pas mal de fois qu'il croissait son chemin et puisque la bibliothèque semblait déserte, il décida d'entamer la conversation. « Bonjour. Je vous pose ça là. » Dit-il en posant le livre sur le coin de son bureau. « Vous travaillez ici depuis longtemps ? J'ai l'impression de vous voir de plus en plus souvent. »