Money is the anthem
 of success...
Est incapable de rester en place, une vraie pile électrique. Pas forcément du genre sportif, il est plutôt du style à bouger tout le temps, aller à droite à gauche, aller fourrer son nez là où il ne devrait pas ... ≈ Allergique aux poils de chien, il n'a jamais pu en avoir un alors qu'il aurait toujours aimé en adopter. ≈ Parle couramment l'anglais, le français, le russe et l'espagnol. ≈ Est très désorganisé, agissant souvent dans le rush. ≈ N'a jamais réussi à être le fils parfait, le frère parfait, le petit-copain parfait. Raf parvient toujours à faire foirer ses relations. ≈ Est un fan d'adrénaline. ≈ A beaucoup voyagé de par le monde grâce à sa carrière et espère pouvoir continuer encore longtemps. ≈ Malgré son traumatisme du à la prise d'otage dont il a été victime avec son équipe, Rafaël refuse de renoncer à son boulot. ≈

...So before we go out, what's your address ?
Elle avait accouché à vingt-et-une heure, le bébé était parti. On le laverait, on s’occuperait rapidement de lui avant de le ramener à sa mère. Quand, au cours de ce processus, les deux petites têtes furent échangées, cela restera un mystère. Quoi qu’il en soit, quand on lui ramena son fils, Emma Headley ne s’aperçut de rien. Il fallait dire que les deux bambins étaient plutôt petits, leur peau était toute rosée et les quelques cheveux qu’ils avaient sur le crâne se dressaient en bataille. Ils se ressemblaient, à coups sûrs. Pourtant, ils n’avaient rien en commun et ce jour-là, sans que quiconque ne le sache encore, leur vie venait de basculer à quelques minutes à peine de son commencement ...


Ses bruits de pas qui couraient dans l’escalier, son rire alors que son père le pourchassait. Rafaël avait cinq ans, il venait de se lever. Ce matin, c’était papa qui l’avait réveillé pendant que maman faisait le repas. Parfois, c’était l’inverse. Le couple se départageait les tâches, ils fonctionnaient selon des règles très laxistes mais assez efficaces. Raf arriva en courant dans la cuisine, se cachant derrière les jambes de sa maman tandis que son père, hilare, débarquait à son tour dans la pièce. Le petit garçon tira la langue à l’homme, le narguant volontairement. Celui-ci l’attrapa et le souleva pour le poser sur son épaule :

- On est moins rassuré tout d’un coup !

Rafaël hurlait de rire. Quand il le reposa, ils s’installèrent tous les trois à table et commencèrent à manger. Même s’ils s’amusaient bien, leur journée était bien remplie ! Le matin, le père de famille déposait son fils à l’école puis sa femme au boulot avant d’aller lui-même au sien. Emma était secrétaire dans un cabinet dentaire et Hugo était maçon. En fin de journée, Emma allait rechercher son fils à l’école, à pied par jour de beau temps, en bus par jour de pluie. Ensemble, ils allaient rendre visite aux grands-parents, les parents d’Emma étant toujours ravis de les voir. Hugo les rejoignait là-bas et chaque soir, c’était la grosse réunion de famille. Tous ses oncles, toutes ses tantes avec leurs propres enfants et conjoints, venaient voir les grands-parents. Parfois, ils organisaient un barbecue le week-end et c’était super ! Tout le monde s’amusait bien. Et puis la routine se brisa.


- Voici ta chambre.

Rafaël releva les yeux vers cette femme. Cette personne qui était sa véritable maman ... sans l’être, toutefois. Il avait six ans et après avoir vécu durant toutes ces années auprès d’Emma et Hugo, on lui avait annoncé qu’en fait, non, ce n’étaient pas eux ses parents ! Ce drame avait profondément affecté les deux familles. Autant Emma et Hugo que Isis et Denis. Cependant, dans l’histoire, les plus choqués et traumatisés restaient Rafaël et Gaspard. Les deux petits garçons avaient appris à leur six ans qu’ils s’étaient trompés toute leur vie et que maman n’était pas maman, papa n’était pas papa. Et puis après plusieurs semaines de mise en contact, l’échange avait été ré-effectué. Une véritable histoire de fou.

- Tu verras, mon cœur, tu seras bien ici !


- Je sors !

Raf balança son sac sur l’épaule, enfila ses lourdes bottes noires et quitta la maison. Jetant son skate sur l’asphalte, il sauta sur celui-ci et dévala la pente. S’arrêtant devant une maison qui avait autrefois était la sienne, il attendit que Gaspard ne sorte. Ces deux-là étaient devenus meilleurs amis, aussi proches que des frères. Avoir partagé cette expérience d’échange si étrange les avait soudés. Fréquentant le même lycée, ils étaient devenus inséparables. Gaspard jeta aussi son skate sur la route et ils filèrent jusqu’au bahut.

- Mammy a demandé de tes nouvelles, elle t’a plus vu depuis trois jours, elle commence à péter un plomb ! Je crois même qu’elle a dit que si ça continuait, elle allait venir te chercher elle-même ...

Ils éclatèrent de rire. Leur situation était étrange, atypique. Au lycée, peu de gens étaient au courant de l’échange. Leurs amis proches le savaient, les amis éloignés les pensaient meilleurs amis depuis l’enfance et les inconnus, ceux qui ne les connaissaient que de vue ou de nom, les croyaient frères. Raf et Gaspard auraient pu l’être, en un sens. Si la ressemblance physique ou même mentale n’était pas flagrante, il y avait un véritable lien fraternel entre eux.


- Arrête, t’es con ou quoi ? Tu peux pas faire ça ! Merde, Raf, c’est dangereux ...

Il haussa les épaules. Gaspard croisa les bras. Opale se prit la tête dans les mains. Personne ne soutenait son choix alors qu’aucun ne s’était manifesté quand il leur avait annoncé ses plans de devenir reporter. Forcément, il irait se mettre dans des situations pas possibles ! C’était le propre du métier. Mais non, ils ne l’acceptaient pas. Tout le monde lui faisait la morale. Il devait vraiment être fou pour vouloir aller explorer les quartiers les plus dangereux des pays les plus menaçants. Rafaël haussa une dernière fois les épaules.

- Je croyais que vous deux, vous comprendriez mais faut croire que je me suis planté ...


Dans un coin de la chambre, prostré, les bras entourant les jambes, Raf avait fermé les yeux. Il ne trouvait plus le sommeil, avait du mal à manger, se forçait pour sortir de chez lui. Ils avaient été pris en otage, séquestrés et torturés mentalement durant des heures, des jours, des mois. Rafaël en avait totalement perdu la notion du temps. Toute sa famille avait été là pour le soutenir à son retour pourtant, il n’avait voulu de personne. Pas même de Gaspard, son frère qui avait cru devenir fou en apprenant la prise d’otage. Opale avait quitté Raf depuis des mois déjà, incapable de supporter davantage la séparation incessante et la distance. De plus, le voir partir sans jamais savoir s’il reviendrait, la tuait à petits feux.

- Raf ? Je peux entrer ?

Il se redressa, Emma et Isis étaient toutes les deux entrées. Elles s’inquiétaient énormément, elles paniquaient tellement qu’elles aussi, avaient des cernes violacés sous les yeux. Raf fit l’effort de sourire et d’aller les enlacer pour les saluer. Il leur avait fait endurer des mois de calvaire, à n’avoir aucune nouvelle de lui et le savoir en danger de mort ! Le moins qu’il puisse faire à présent, était de les aider à retrouver la quiétude.

- Allez viens, on va se balader.


- Elle t’aime encore, c’est sûr. Elle aurait pas fait ça sinon ...

Opale avait largué son fiancé devant l’autel. C’était moche, vraiment pas beau à voir. Le mec s’était mis à pleurer, devant tout le monde. Les invités, partagés entre le rire et les larmes – tout dépendait du degré de proximité avec le principal concerné – étaient restés interdits. Et puis Opale était partie. Elle n’avait jamais semblé aussi belle que fuyant, dans sa longue robe blanche, vers la sortie. Raf avait eu envie de la rattraper, surtout après ce que Gaspard venait de lui dire ! Sauf qu’il n’en avait pas eu le courage, il était toujours le mec esquinté qu’elle avait quitté des années auparavant. Il n’était pas le bon pour elle ...


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