« Si tu continues je vais devoir te virer. » Son père avait l’air déçu, pour la troisième fois en une semaine, Will était arrivé avec plus de vingt minutes de retard au travail. Parfaitement habillé, et digne d’une gravure de mode. Mais avec une demi-heure de retard. « Tu pourrais mais, ça ne serait pas une bonne idée. Un parce que une bonne partie des clients m’adorent, et deux parce que les nouvelles compagnies sont principalement composés de jeunes de mon âge, s’ils hésitent je peux faire changer la balance. » Un sourire sur les lèvres, il regarda son père. Il l’adorait même s’ils n’étaient pas d’accord sur beaucoup de chose. Sur rien en vrai. A part quand il s’agissait de parler de politique & des actualités. Will était peut-être un petit con prétentieux qui se baladait avec des lunettes de soleil alors qu’il était à l’intérieur du bâtiment mais, il était capable de faire une grosse vente en moins d’une heure. Il connaissait ses arguments par cœur & son charme naturel faisait le reste. « N’oublies pas que je peux quand même te virer, alors commences à te bouger les fesses. » Cela faisait trois ans qu’il lui répétait ce discours, et il n’était pas prêt d’arrêter de le faire. Il savait parfaitement que s’il virait son fils, il serait incapable de trouver un travail et finirait sans aucun doute drogué (ou en tout cas accro contrairement à maintenant) et vendant son corps à des personnes d’un certain âge, escortboy de luxe, tout ça pour pouvoir continuer à vivre dans le seul rythme de vie qu’il connaissait. Et il était vrai qu’il permettait de finaliser de nombreuses ventes. Si seulement il se bougeait les fesses, il pourrait faire de grande chose. Or voilà, se bouger les fesses ne faisait pas partie de ses plans. Vivre grâce à un salaire à cinq chiffres chaque mois, signé par papa, et sortir pratiquement tout les soirs, rompre avec sa copine au moins une fois toutes les deux semaines. Voilà à quoi se résumer sa vie. Et il adorait. Un sourire en direction de son père, il enleva enfin ses lunettes de soleil & poussa la porte de son bureau après avoir lancé un magnifique sourire charmeur à sa secrétaire. Will l’avait plus choisie à cause de son physique qu’autre chose mais elle faisait du très bon travail à sa plus grande surprise. Il n’avait pas mis très longtemps pour commencer à la draguer et encore moins longtemps pour finir dans le même lit. Ou plutôt coucher ensemble dans son bureau après avoir fermé tous les rideaux. Chose qu’ils refaisaient de manière plus ou moins régulière au plus grand plaisir de Will. « Monsieur, vous avez eu un appel de … Delilah. « rappelles moi d’ici ce midi pauvre tâche, sinon c’est fini pour de vrai », ses mots, pas les miens. » Rigolant, il remercia sa secrétaire et ferma la porte de son bureau. 10 appels en absence de la part de sa copine. Cela faisait bientôt six ans qu’ils passaient leur temps à rompre, se retrouver, coucher ensemble dans les toilettes du restaurant lorsqu’ils décidaient d’avoir un double date pour prouver à l’autre qu’ils étaient passé à autre chose. S’engueuler, faire l’amour. C’était leur quotidien. Ils étaient incapables de rester séparé plus de deux mois. Ça aurait pu être touchant, si cela n’avait pas été si pathétique. Reposant son téléphone sur son bureau, il ouvrit son mac & commença à se mettre au "travail", il s'occuperait de Deli plus tard, passerait sûrement la voir durant sa pause de ce midi. Pour l'instant il devait faire le tri dans ses mails.