« Avalon, réveille-toi et habille-toi s'il te plait. Et après cela, descends me rejoindre dans le salon. » M. Winsor ouvrit brusquement le rideau de la chambre, laissant les rayons du soleil venir tirer violemment sa fille de son précieux sommeil. Avalon poussa un soupir de mécontentement, maudissant un million de fois son père dans sa tête pour l'avoir réveillé de cette façon. Et puis, pourquoi avait-elle à s'habiller, d'abord ? Que lui préparait-il encore ? Ce fut avec beaucoup de mal qu'elle s'extirpa de son lit, frissonnant au contact de la température ambiante qui était bien différente de celle sous sa couverture. Quoi qu'il en soit, elle ne tarda pas à se préparer. Elle connaissait son père et ce dernier n'avait aucune patience. Quand il désirait quelque chose, il devait l'avoir immédiatement ou les conséquences étaient terribles, à la hauteur de l'affront. Avalon souhaitait éviter de s'attirer ses foudres, surtout de si bon matin. Finalement prête, elle le rejoignit de le vaste salon épuré et moderne, orné de sculptures et de magnifiques œuvres d'art qui s'alliaient parfaitement avec le blanc de la pièce. Tout semblait si propre et si bien rangé, comme s'il n'y avait aucune vie à l'intérieur de la maison. Les portes fenêtres étaient grandes ouvertes et celles-ci donnaient directement vu sur la plage et le bord de mer. Le parfum iodé embaumait d'ailleurs la pièce qui sentait particulièrement bon l'air frais et le vent marin. A mesure qu'elle s'avançait dans le salon, Avalon crut reconnaître une silhouette familière, assise dos à elle, sur un fauteuil placé en face du grand canapé central, là où se trouvait M. Winsor. Lorsqu'il leva la tête, ses yeux se posèrent immédiatement sur sa fille et un large sourire étira ses lèvres. « Ah, ma chérie. Tu te souviens de Nolan ? » Dit-il en pointant sa main en direction de la silhouette qui ne tarda pas à se lever pour faire face à Avalon. Bien sûr qu'elle se souvenait de lui. Comment oublier un homme d'une carrure et d'un charisme si imposant ? La jeune femme le connaissait depuis pas mal d'années, depuis qu'il avait commencé à travailler avec son père. Elle le trouvait très courtois et charmant, un vrai gentleman. « Oui, évidemment. » A ces mots, Nolan eut un sourire qui voulait dire qu'il était ravi qu'elle ne l'ait pas oublié. Il prit sa main et y déposa un baiser, une attention qu'elle trouva très vieux jeu mais, agréable. Et ces yeux... Elle ne pouvait s'en défaire. Il était d'une beauté et d'une prestance à en couper le souffle. Néanmoins, si elle le trouvait à goût, elle ne laissait rien paraître. Cela faisait parti des principes des femmes du 'monde'. Elles ne devaient pas sembler acquises comme cela, et surtout pas au bout de la première rencontre. Elle prit place auprès de son père et tous trois entamèrent une longue conversation qui s'éternisa durant des heures, amenant même au déjeuner. Après le repas, Nolan invita Avalon à aller faire un tour sur la plage, ce qu'elle accepta avec plaisir. « Ecoutez Miss Winsor, je ne suis pas venu chez vous par hasard aujourd'hui. Je sais que cela va vous paraître complètement insensé, mais avec la bénédiction de votre père, j'ai l'honneur et le privilège de.. » Il s'arrêta un instant, cherchant quelque chose dans sa poche. Il en sortit finalement une petite boite, l'ouvrant durant sa marche aux côtés de la jeune femme qui arquait les sourcils de stupeur. « Vous demander votre main. » Dit-il tout naturellement, comme si l'enjeu n'était pas de taille à l’inquiéter. Déconcertée par cette surprise, Avalon en perdit la voix.

Avalon Winsor débarqua en trombe dans le bureau de son père et ce, sans même avoir pris la peine de frapper à la porte. Ses joues étaient rosies de honte et de cette colère qu'elle tentait de maitriser afin d'arriver à trouver correctement ses mots. « Comment as-tu osé ! » Lui balança-t-elle avec toute la haine du monde, les sourcils plus froncés que jamais. Elle se tenait face à lui, bien qu'il était assis, et elle attendait qu'il daigne la regarder dans les yeux pour continuer son discours. « Comment as-tu pu me promettre à un homme dont j'ignore jusqu'au nom. Je ne sais rien de lui et par dessus-tout, je ne l'aime pas. » M. Winsor eut un léger sourire. Il était tout simplement amusé par la naïveté de son enfant. « Ma chérie, tu te rendras vite compte que le mariage n'est pas question d'amour, mais de patrimoine. Il faut préserver ce qui appartient à la famille et puisque tu ne souhaites pas prendre la tête de l'entreprise, tu épouseras cet homme. Ce n'est pas négligeable. » Elle n'avait pas son mot à dire. La décision était prise depuis bien longtemps déjà et la demande ne fut qu'une simple formalité. Elle n'était qu'un vulgaire pion, un faire-valoir pour un homme qui avait l'intention de faire d'elle une femme tromphée.

« Ava' y a un mec pour toi. » Mais qui cela pouvait-il bien être ? Isaac était au travail et elle ne connaissait pas beaucoup d'hommes. Tout du moins, pas des hommes qui oseraient s'aventurer chez les italiens par peur des représailles entre gangs. Curieuse, elle quitta ce qui lui servait de bureau et se rendit jusqu'à l'entrée du garage. L'homme en question était de dos. Elle tressaillit d’effroi en reconnaissant cette silhouette qu'elle n'avait pas vu depuis plusieurs semaines. Elle voulut rebrousser chemin, mais il entendit ses pas. « Avalon. Comment vas-tu depuis le temps ? » Nolan se tourna pour lui faire face, un sourire triomphant accroché aux lèvres. « Tu t'es bien amusée, on peut rentrer maintenant ? »